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L’Hexagone à la pédale – Session 2022

I had to let you go, To the setting sun
I had to let you go, And find a way back home
I had to let you go, To the setting sun
I had to let you go, To find your way back home

C’est ce que chante harmonieusement Lee Douglas lors du Live d’Anathema à Plovdiv en Bulgarie.
Moi je veux bien mais avant de revenir, il faudrait partir. Non ? 🙂


Justement, nous partîmes 6 et par un long effort, nous nous vîmes trois en arrivant au port du Nord.
Sur une idée de Jack et Pascal, il s’agit d’effectuer, en vélo, le tour de la France hexagonale en suivant au plus près les frontières ou les côtes maritimes. Pour des raisons pratiques et sécuritaires (hébergements, axes routiers, chaîne montagneuse) on est obligé parfois de s’éloigner des frontières mais on n’en est jamais bien loin. Allez, 1er tour de roues  de l’hexagone à la pédale !

Saison 1 – Épisode 1 – Grenoble > Dunkerque (17 jours – 1395km – 10388m d+)


J1-Mardi 7 juin 2022
Grenoble (38) > Massigneux de Rives (01)
Rendez vous de la troupe au barrage de St Égrève/Noyarey. Remontée en fanfare le long de l’Isère puis petites routes pour traverser Moirans, Voiron, Charavines. Halte casse croûte à Paladru, à l’ombre du lac.
On traverse les Abrets puis St Genix sur Guiers pour récupérer, en bord du Rhône la Via Rhôna que l’on roule jusqu’au camping du Lac du Lit du Roi.
Soleil et piscine pour la décontraction.
Installation des tentes, douche et repas sur la terrasse d’un bungalow inoccupé.
116km-660m d+


J2-Mercredi 8 juin 2022
Massigneux de Rives (01) > Chezery-Forens (01)
Pliage de tente, petit déj et on repart sur la Via Rhôna que l’on quitte un peu avant Bellegarde. Visite rapide entre-temps de Chanaz et de Seyssel avec le café du matin. Ça roule quand même pas mal cette Via Rhôna avec des portions ombragées salvatrices. Pour rejoindre le terme de notre étape à Chézery-Forens, on va emprunter l’ancienne voie du tram, très beau tronçon calme et ombragé, jusqu’à Confort où la pluie nous attend. Les 11 derniers km montant se feront tranquillement avec la fraîcheur jurassienne bien connue. Le camping Le Valserine ne voulant pas de nous (et de nos tentes), vue la pluie, on se repliera sur le Relais des Moines en mode 1/2 pension/lessive/bien au chaud 🙂 Charmant gîte non prévu au programme mais qui va s’avérer un très bon plan.
67km-770m d+


J3-Jeudi 9 juin 2022
Chezery-Forens (01) > Chapelle des Bois (25)
Petit déj copieux au Relais. Il faut bien ça pour affronter le temps médiocre (plafond bas, brume et pluie) et la remontée sur le plateau jurassien (Lajoux). Très belle itinérance jusqu’à Mijoux où la pluie s’est intensifiée, obligeant à une petite pause glucide bien méritée. Ensuite la remontée sur Lajoux, tant redoutée par sa déclivité passera crème. Du coup, le temps se radoucit et c’est la fleur au guidon que l’on rejoindra Les Rousses pour une halte crêperie, la même bien connue depuis cet hiver avec notre traversée du Jura en mode Ski Rando Nordique. Bien heureux que nous sommes de pouvoir refaire, en sens inverse, le chemin parcouru cet hiver, chaussés de nos skis et sac à dos.
Traversée du Risoux par les pistes de skating (roulantes, hein Patou et Jack) où les sangliers s’amusent à surgir juste devant nos roues… Au chalet des Ministres s’amorce la descente sur Bellefontaine, puis l’option GR de pays qui chemine entre les champs nous offre un beau point de vue au dessus des lacs pour le 4 heures bien mérité. Allez, encore une petite côte et on aperçoit le gîte d’Hélène à Chapelle des Bois. Passage obligatoire à la fruitière et au Spar pour le repas du soir. Produits frais et locaux au menu. C’est ainsi presque tous les jours d’ailleurs. Fin de journée enrichissante et chaleureuse avec la présence d’Hélène.
63km-1090m d+


J4-Vendredi 10 juin 2022
Chapelle des Bois (25) > Morteau (25)
Après le petit déj nécessaire aux efforts de la matinée, on démarre par un beau soleil mais la bise est présente. Fraîcheur du matin=parka pour chacun !
La progression sur ces grandes lignes droites asphaltées, face au vent, est un peu physique mais permet, en contrepartie, de chauffer le diesel plus rapidement. Chaque descente est optimisée avec les positions couchées pour gagner quelques km/h et récupérer des efforts. Reprise de la GTJ à Chaux-Neuve. Le parcours sur ce plateau est magnifique avec des traversées de petits hameaux et le « survol » des lacs de Remoray et de St Point. Halte café en bord de lac et on repart pour Pontarlier > La Longeville par une belle piste cyclable de la GTJ qui se poursuit ensuite jusqu’à Morteau par des petites routes. Le camping du Cul de la Lune sera notre havre de paix pour cette nuit. On partagera une bière avec l’excellent et sympathique Dominique, le gérant qui saura nous éclairer sur le choix du meilleur resto pour déguster la saucisse, production locale.
Nuit un peu perturbée par le bruit de la route de l’autre côté du Doubs.
85km-490m d+


J5-Samedi 11 juin 2022
Morteau (25) > Saint Hyppolite (25)
Petit déj au soleil, le moral de la troupe est au beau fixe. On quitte Morteau par l’Est avec une montée bien raide qui va me demander 2 arrêts afin de récupérer du cardio. Un peu d’ombre pour attendre mes compères et on file déjà sur cette belle petite route vallonée. Au Barboux, on quitte la GTJ pour une vieille piste herbeuse suivi de son sentier terreux et racineux et d’un champ fraîchement fauché. Les passages canadiens non adaptés aux vélos ou barrières cassent un peu le rythme et c’est avec plaisir que s’annonce le repos mérité pour déguster le casse-croûte.
Pascal en profitera pour monter une chambre à air avec tous les déboires qui vont avec. Nous, on s’en fout, on bulle pendant ce temps 🙂
Pause café ou Coca aux Louisot où l’on reprend le cours de la GTJ jusqu’aux Seignes avec un arrêt au Belvédère de la Crampoulotte, fraîchement élagué. Les 3 gars, un peu allumés à la vigne locale nous auront bien fait rire. A partir de Damprichard, le profil est descendant, full gaz en mode schuss en rejoignant la GTJ à Trévillers. Saint hippolyte arrive déjà et beigne au soleil, on se cale au camping de l’autre côté du Doubs. Baignade, douche et bière avant de déguster nos plats lyophilisés et autres laitages. Nuit calme et reposante dans ce petit camping. On ronfle équipés de nos boules Quiès !
66km-830m d+


J6-Dimanche 12 juin 2022
Saint Hyppolite (25) > Mulhouse (68)
La météo est clémente ce matin. On petit déjeune tranquillement et on reprend la route, GTJ jusqu’à Audincourt. L’EuroVélo 6 (EV6) devient notre fil conducteur le long de l’Allan puis du canal du Rhône au Rhin et il faut vraiment un guidage GPS car il a pas mal de connexions sur ce chemin de halage. Pause café à l’auberge du canal à Brebotte et ne voulant pas siester comme mes amis, je pars devant. Superbe tronçon de  l’EV6 rapide avec, comme par exemple, la section de l’échelle des douze écluses qui permettent aux bateaux de franchir un dénivelé de 30m sur 3km. Et dans le sens descendant, ça le fait bien, pour sûr.
Patou me rattrape un peu avant Mulhouse et on se met à l’ombre pour attendre le groupe. On rejoint le camping de Mulhouse, coincé entre terrain de sport et l’Ill. Bière, glace, douche, pizzéria pour un gros dodo réparateur. Demain, on scinde le groupe en 2 !
83km-510m d+


J7-Lundi 13 juin 2022
Mulhouse (68) > Boofzheim (67)
Dernier petit déj avec Pascal, Patou et Bébert qui retournent chez eux en vélo, vélo/voiture ou vélo/TER. Nous, on continue l’EV6 le long du canal puis à Ottmarsheim, l’EV15 nous propulse au terme de l’étape, à Boofzheim. Le cheminement le long du canal n’est jamais monotone avec ses portions ombragées, ses passages d’écluse, ses péniches amarrées, ses canonnières, ses changements de rive ou ses petites guinguettes comme notre arrêt café à la Coccinelle (Artzenheim).
Camping sympathique avec de vastes emplacements. La douche va nous creuser l’appétit et du coup, on repart au centre-village en vélo pour une choucroute royale/Paulaner ambrée bien méritée. Le sommeil sera vite trouvé.
92km-200m d+


J8-Mardi 14 juin 2022
Boofzheim (67) > Haguenau (67)
Soleil au réveil. Les tentes sont sèches rapidement. Le petit déj est toujours aussi conviviale mais surtout nécessaire. On repart sur l’EV15 le long du canal jusqu’à Strasbourg, excepté une déviation pour travaux de remise en état du côté de Galgenfeld. Les arrivées dans les villes avec nos vélos atypiques chargés comme des mules au paquetage moins ordonné qu’au départ étonnent, détonent, interrogent ou amusent. Sur la route, c’est une autre histoire avec les frôleurs (style frotteurs du Métro 🙂 ) ou ceux qui se prennent pour Loeb au volant de sa chariote échappement libre 🙂 Sport d’un autre temps ….
Notre karma se résume aux voies secondaires, aux chemins blancs et chemins en forêt.
L’effervescence populaire et la chaleur au centre de Strasbourg nous conforte dans notre choix de ne pas rester une journée de plus. On n’est pas spécialement fatigué et on peut donc se passer de la 1/2 journée de repos prévue à Strasbourg. Bretzel/dessert/boisson/café seront notre repas du jour et on remonte sur les vélos pour les 52km restant pour arriver à Haguenau. On avionne sur du plat sans vent contraire, le cerveau sur pause.
Plus du tout de canal (idéal pour les stats de roulage pourtant 🙂 ) mais on reste sur l’EV15 jusqu’à Drusenheim. La voie 23 prend le relais pour atteindre Haguenau et son camping classe avec des emplacements non délimités. Les 3 tentes sont minuscules aux pieds de ces immenses pins. Douche, lyophilisé, laitage et au lit.
88km-40m d+


J9-Mercredi 15 juin 2022
Haguenau (67) > Keskastel (67)
Bonne nuit réparatrice. Pas d’humidité dans le double toit de la tente alors on plie rapidement. La table bois nous accueille pour le petit déj et on est déjà (presque avec les oublis) en selle pour couvrir les 83km de ce jour. Échauffement au bord de la Moder que l’on quitte rapidement pour une direction plein Ouest par la voie 23. Les petites routes et pistes cyclables ombragées permettent de rouler facilement. Petite pause pour les courses à Niedermodern et c’est un peu plus loin, à Neuwiller lès Saverne que l’on s’arrêtera pour le casse-croûte suivi de son café glace à l’hôtel/restaurant Herrenstein, où la gérante, en plein service de midi aura pitié de nous et nous acceptera au bar. On doit avoir de bonnes têtes quand même ! Une fois ragaillardit, on prendra le temps d’apprécier les cigognes nichant sur les cheminées et du coup, on constatera que ce n’est pas une légende. Bon pour la couche bébé, on doute quand même 🙂
Et c’est reparti par la voie 62 pour une belle montée et route sinueuse jusqu’à la Petite Pierre (rencontre avec un couple de jeunes anglais en mode BUL et Visa). La voie 64 puis la voie 63 sont toutes en montagne russe et chaque micro-descente est propice à la position schuss. Dernière traversée sous l’autoroute et l’on atteint enfin le camping. La soif nous dirige un peu plus loin, à l’Alsace où la dégustation d’un demi-Picon-citron nous mettra HS (enfin surtout le 2ème ….).
Retour au camping, montage des tentes, douche, lyophilisé et au lit. On aura apprécié le square muni de tables pour un repas 5* baigné par la fraîcheur de l’étang à proximité. Il a fait bien chaud aujourd’hui.
83km-550m d+


J10-Jeudi 16 juin 2022
Keskastel (67) > Mégange (57)
On prend le temps de déjeuner pendant que les double-toits sèchent. Pliage du matos sans réfléchir car cela devient routinier. c’est ce qui est intéressant d’ailleurs car on fait abstraction de l’habituel pour se concentrer sur le factuel et plus précisément sur l’environnement, la faune, la flore, les paysages, les villages, les gens, les rencontre, les sites commémoratifs et lieux de mémoire . On en vient à pédaler machinalement en fait! On est tellement dans la routine que l’on en arrive même à oublier des fringues …
Départ de ce lieu sympathique et reposant avec ces pécheurs bredouilles, clop au bec et ces canards qui gargouillent, poissons au bec. On rattrape la VéloV qui longe le canal de la Sarre que l’on quitte à Sarreguemines pour une VéloV aux petites routes bordées de champs de céréales. On retrouve un peu de relief aux abords de Freyming-Merlebach où l’on quitte la VéloV. Passage au Leclerc pour les courses et ensuite, au niveau d’un puit de mine désaffecté, on va avoir droit à une section bien sauvage, tout juste tracée et propre pour rouler. 1 arbre en travers pour clore la situation. En mode VTT, je ne dis pas mais en mode mulet ? Bon l’épisode est de courte durée et on retrouve des routes ou pistes bien roulantes. On rattrape un peu la moyenne de la portion sanglier 🙂 A Hinckange, sur un malentendu, on perd Gilles qui file bon train, on a beau vociférer, il pédale, pédale, pédale. 10 minutes plus tard, il nous appelle. Il fallait tourner à droite en direction de Mégange. On lui explique le point de jonction et on attend, attend, attend. Jack part le chercher et moi je file devant car j’ai toujours du mal à gérer les arrêts intempestifs qui me coupent les jambes. De plus il y a une belle descente en mode schuss après le collu de la D53b qui se laisse glisser, on ne va pas gâcher. Regroupement à Guinkirchen, il est tard et on appelle le camping du Bois Sacker. Pas de place pour nos 3 tentes ! Pas sympa la daronne et on comprendra qu’elle préfère louer des bungalows, du coup ce n’est plus un camping alors 🙂
On a toujours la solution de dormir en sauvage puisque rien nous manque sauf un peu d’eau peut-être et à Mégange, on discute avec une gentille dame (Noëlle) qui nous dépanne en eau et nous indique le stade de foot pour planter nos tentes. Il y a même une table pour dîner. Et d’ailleurs, pendant le repas où on règle le sort des sardines achetées au ravito improvisé, un habitant du village (Éric) vient discuter, en voyant nos tentes au fond, et nous propose de venir boire le Schnaps chez lui. Éric et Geneviève, son épouse, ont voyagé en vélo sacoches en Écosse, Norvège, Danemark…Belle soirée autour d’un verre, ou 2, ou 3 à échanger, à discuter de nos projets, de nos passés, de nos familles. On se couche vers minuit, raccompagnés par Éric et Geneviève, curieux de voir nos montures à 2 roues. Le marchand de sable n’a pas eu le temps de passer 🙂
92km-730m d+


J11-Vendredi 17 juin 2022
Mégange (57) > Fillières (54)
Réveil facile. Pliage du matos et petit déj attendu. On a faim, certain même plus que d’autres 🙂 On passe saluer Éric et on reprend notre pédalage, machinalement. Les prochains 35km jusqu’à Guénange ne seront pas spécialement transcendant. On traverse de vastes plaines de champs de céréales ornées, parfois, de gros ventilateurs propre au parc éolien 🙂 Peut-être que les couches de couleur des diverses céréales, superposées en strates dans l’horizon, ont pu à un moment, égayer notre œil averti mais je n’en suis pas sûr 🙂 Machinal, on pédale. On retrouve la V50 le long de la Moselle et l’on nous refusera au restaurant de la Marina (Écluse de Thionville) de nous servir un café. C’était de bon thon 🙂 On traverse Thionville, longe la voie rapide D14, la traverse pour circuler sur les petites communales entre champ de patates à gauche et céréales à droite. Allergiques aux pollens pendant la moisson ou la récolte, pédalez plus loin…On roule, on roule mais toujours pas de point de chute pour ce soir. On a beau contacter des gites ou maison d’hôtes (presque pas d’offres d’ailleurs dans cette région), on est en quête d’un endroit calme et discret pour planter la tente. Même à Serrouville, la dame rencontrée ne sait pas où se trouve le terrain de foot, c’est pour dire. Pourtant avec le recul, il n’était pas bien loin. On décide de continuer notre route, délaissant un endroit glauque qui pourtant paraissait sympa pour arriver à Fillières. Gilles engage la conversation avec une dame qui nous propose, en accord avec son mari, de planter la tente, derrière cette belle demeure restaurée et imposante, dans son terrain attenant. Machinalement on plante la tente (on a de la place, de la belle pelouse plate, du vert, des arbres,…) et un tuyau pour la douche. Frais, propre et dispo pour partager la table et le repas succulent avec Malek et Véronique. Merci encore. La discussion s’articule autour de notre projet, autour des activités de notre groupe de copains et sur la vie professionnelle, mais pas que, de nos hôtes. La nuit est tombée, le ciel rougeoyant à sombré. Il est temps d’aller tenir compagnie à notre duvet en plume d’oie, déplié tout juste après notre arrivée. Quelle douceur. Une journée qui s’achève en apothéose.
78km-660m d+


J12-Samedi 18 juin 2022
Fillières (54) > Montmédy (55)
Ah quelle bonne nuit de sommeil et pourtant le mélodique carillon de l’église Saint-Maurice aurait pu en réveiller plus d’un. L’avantage de ceux qui vive déjà à la campagne : intégration totale du processus sonore religieux 🙂
Aucune condensation dans le double-toit, ce qui procure un rapide (disons-le comme ça) pliage du matos. On rejoint Malek et Véronique pour le petit déjeuner café, beurre, confiture et pains grillés. Mieux qu’au Continental, à la hauteur du souper de la veille et on aimerait bavasser plus longtemps avec nos hôtes.
Nous quittons ce charmant couple après moultes remerciements et retrouvons nos champs de céréales. Au détour d’un croisement, nous donnons un coup de main à un monsieur âgé (de mon âge quoi !) qui a des difficultés pour replacer son pneu dans la jante suite à une crevaison. Il nous explique qu’il a mal à un bras, nous on en a 6 de valide.
Les quelques petites descentes amènent du peps dans notre itinérance, surtout qu’aujourd’hui c’est une petite étape. A Pierrepont, on prend le temps de visiter la nécropole nationale avec sa colonne galbée, lanterne des morts, de 30m de haut. Cette région rappelle le combat d’une génération aujourd’hui en voie de disparition. Respect et compassion. 
On continue notre route en direction de Montméry en croisant de beaux villages et belles demeures. Arrêt café à Marville où on s’est bien marré avec la propriétaire légèrement survoltée et pipelette. Une section chemin vallonné et piste caillouteuse, cassante sera notre lot de réjouissance avant de passer au Super U de Montmédy. La montée raide pour atteindre le camping municipal ne sera pas spécialement appréciée à cause de la chaleur ambiante. Comme il nous reste un peu de jambes, on en profite pour monter à la citadelle (XVIème siècle et agrandie par Vauban au XVIIème).
On repasse au camping, pour l’enregistrement et poser les tentes. La douche est bienvenue avec cette chaleur. Pas de table ni de chaises pour diner donc on opte pour le sandwich merguez/saucisse/frites/bière puisque c’est la fête de la musique à la citadelle. On ne va pas rester longtemps car on commence à sentir la fatigue et que demain il y a du kilomètre à engranger 🙂
51km-580m d+


J13-Dimanche 19 juin 2022
Montmédy (55) > Charleville Mézières (08)
Lever normal, sans bruit pour ne pas réveiller les retardataires 🙂 Pas de table, ni chaises, on déjeune à la roots sans se prendre pour des nomades sahraouies non plus, hein 🙂 Parcours un peu moins champêtre ce jour, on croisera de belles demeures comme le château de Bronelle ou le château fort de Sedan. En cours de route, on cherche à Beaumont en Argonne un bar et une épicerie référencés sur google maps. L’épicerie est fermée par décision communale et le bar n’est plus en activité. Mais le locataire des lieux (Laurent ?), hyper sympa nous offrira 3 cafés. On lui glissera un billet tout de même en reconnaissance de sa disponibilité et de sa courtoisie naturelle. On fera les courses au 8 A Huit, un peu plus loin, à Mouzon ou cuisaient des poulets à la peau bien dorée. Vous pensez bien que l’on ne s’en est pas privé et qu’il a été dévoré proche de Sedan, sur une aire de repos, le long de la Meuse, une fois récupérée la TA (Voie verte Trans Ardennes). Après notre visite rapide du château de Sedan, on suit la TA toujours le long de la Meuse canalisée jusqu’au terme de notre étape, le camping de Charleville-Mézières. Ces longs itinéraires qui empruntent les chemins de halage permettent de tenir une bonne moyenne kilométrique avec une fréquence de pédalage régulière. A 22/24 km/h, on ventile aisément et sans transpirer véritablement (enfin en ce qui me concerne).
Petite bière au camping suivie de sa glace, histoire de retrouver des forces pour le plantage des 8 piquets de tente 🙂
On trouve une table dispo pour le repas du soir abritée sous un arbre car quelques gouttes de pluie se sont invitées entre temps. D’ailleurs, il va pleuvoir une bonne partie de la nuit, ce qui permet de valider la bonne étanchéité du double-toit 🙂
23h, extinction des feux avec encore en tête « born to be wild », juste écouté sur Radio Paradise et qui me replace, en mémoire, les images de ce road movie culte « Easy Rider », visionné des dizaines de fois depuis les années ’70. Je sombre avec la bannière étoilée.
91km-580m d+


J14-Lundi 20 juin 2022
Charleville Mézières (08) > Fourmies (59)
Lever humide. On prend 30′ pour faire sécher les tentes, la pluie s’est arrêtée vers 6h et il fera frais toute la journée au point de rouler en manches longues. Une fois la ville traversée, on roule des petites routes de campagne, bordées de champs de céréales jalonnés d’éoliennes. On commence à voir des habitations avec les murs en briques rouges, façades typiques du nord. Certaines sont peintes en blanc aussi. Contraste sympathique. Pour le casse croûte, on se met à l’abri du porche de l’église de Blombay où les marches font office de table de pique-nique . Le temps est gris mais on retrouve du soleil et la chaleur aux alentours d’Aubenton. Arrêt glucide devant la belle mairie de Bucilly à la façade rouge brique ciselée par les joints blancs. On traverse Hirson avec un arrêt photo devant la fresque de Jean de la Fontaine et après Anor, on emprunte un petit sentier qui abouti sur une piste terreuse, bien ombragée, arrivant directement au camping municipal de Fourmies. Nickel, cette portion que j’affectionne. Mon vélo y trouve son compte aussi.
On s’installe, personne à l’accueil (on paiera le lendemain matin en partant) et l’emplacement dévolu possède une belle table pour les repas. En quête de renseignements, je croise un gars (Éric) et lui demande comment trouver des bières pour l’apéro ? Ni 1, ni 2, il revient avec 3 Leffes en main et son Ricard. Apéro courtois. On partage qqs biscuits salés tout en discutant de choses et d’autres.
Bon petit repas arrosé au Bourgeuil. On se couche bonne heure car le calme du camping nous y incite. Pas la fatigue, hein !
82km-870m d+


J15-Mardi 21 juin 2022
Fourmies (59) > Le Quesnoy (59)
Le soleil irradie l’emplacement. Les barrières bois des mobile-homes servent d’étendage pour les tentes. Il fait quand même frais et on reprend des forces (déjà?) avec le petit déjeuner. Passage à l’accueil et échange courtois avec Nico, le gérant. On croise une blonde gazelle vaporeuse au pas de la porte qui nous conforte dans l’idée que les femmes sont quand même plus belles que les hommes 🙂
Allez en selle pour rejoindre l’EV3 de suite après l’étang des Moines qui jouxte l’aire de camping. L’EV3 emprunte la Voie Verte de l’Avesnois pour une bonne partie jusqu’à Ferrière la Grande. Elle traverse à maintes reprises la Solre que l’on suit aussi pendant un petit moment. Notre petite envie de café nous emmène à Solre le Château, jolie citée rurale avec son clocher atypique. On quitte enfin l’EV3 à Maubeuge et les barraques à frites, toutes fermées à cette heure, le long de la route nous ont donné faim. On se fixe « les Friteries de Paris » pour le déjeuner. Une table à midi ce n’est pas coutumier et ce sera parfait. Andouillette/frites/bière, menu proposé par le chef qui nous annonce gentiment que si l’on passe à Le Quesnoy, il faut aller déguster le couscous chez Ahmed, rue de la gare. Pour la diététique, on repassera 🙂
Un petit café pour terminer le repas et on repart Est-Sud-Est par la V31 cette fois ci qui longe en grande partie la Sambre canalisée et ses façades d’usines du siècle dernier. L’aspect vieillot et rouillé casse l’ambiance « sereine des quais de halage et la nonchalance de ces eaux », en y ajoutant une petite touche dystopique qui ne laisse pas indifférent. On laisse la V31 à Hargnies (que l’on retrouve un peu plus loin) pour une belle ligne droite vallonée de 10 km. Même pas mal ! Belle descente schuss ensuite qui demande un arrêt photo devant le très beau château de Potelle.
3 tours de pédales et on arrive au camping :
– Bonjour, avez vous un emplacement pour 3 tentes, svp ?
Ah non. C’est possible que pour 2
– Mince, même en se serrant ?
Ah non, ce n’est pas possible, on n’a pas le droit
Instant de flottement, on se regarde avec Gilles !!!
Mais non, je rigole … dit-elle !
Pince sans rire cette charmante Aurélie, sourire aux lèvres et bons mots pour chambrer gentiment. On adore.
Espace non délimité, on se pose en éventail. Les tentes finissent de sécher au soleil. Douche et lessive des vêtements, avec séchoir en prime. On sentira bon le propre demain.
On prévoit d’aller manger dans la ville fortifiée par Vauban (monstrueux remparts restés intacts du XVII ème siècle) puisqu’il y a une fête de la musique. Mais musique légère et absence de baraque à frites nous décident d’aller manger chez : ?
Ahmed et son couscous royal, aidé d’un Boulaouane pour faire glisser, bien sûr.
Très bonne table, on s’est régalé et les desserts maghrébins ont clôturés cette soirée délicieusement.
On retourne au camping en croisant le paon qui fait la roue pour sa dulcinée. Nul besoin de Tinder, lui ! No comment. 🙂
79km-380m d+


J16-Mercredi 22 juin 2022
Le Quesnoy (59) > Herlies (59)
Réveil charmant même si le paon a braillé (au son du Léon) par intermittence toute la nuit. Pas commun comme situation donc enrichissante (on va dire comme ça 🙂 ).
Les gens du bungalow d’en face ont pitié de nous et nous prêtent leur table et chaises pour le petit déj. Sympa. On se remet en selle et au sortir du camping, on s’arrête pour laisser passer une ribambelle d’oies et leurs petits, tous en file indienne et au pas. Magique.
La V31 permet de rouler facilement à allure rapide, parfois le long de l’Escaut canalisée. On la quitte à Lallaing pour prendre la V366 le long de la Scarpe canalisée. Quelques courtes sections plus difficiles avec les pavés du Nord et pas mal de petites routes le long des champs de blé, d’orge, de colza qui succèdent aux bosquets. Vers Râches (Douai) on commence à voir les terrils et autres puits de mine désaffectés. On cherche un café et je vais à la rencontre de Laurent, gérant brasseur à la Fabriq, Il nous offre un café et l’échange est riche en anecdotes et enseignements sur son parcours. On sympathise rapidement tant et si bien qu’il nous offre 2 bouteilles 75cl de sa prod (Triple & Blonde). 100% Bio mais surtout délicieuses. Merci.
On prend une voie vélo nommée Sucre puis la Pévèle qui traverse Mérignies puis le Carembault qui nous dépose à Séclin. On traverse le canal de la Deûle par 2 fois, on fait les courses à Sainghin en Weppes et on arrive, tout frais au camping d’Herlies.
On fait mettre les bières au frais et les laitages. On s’installe et on part visiter dans l’enceinte du camping, le petit parc animalier où vivent en pleine harmonie, cochons, porcinets, poules, chèvres, chevreaux, canards. Comme quoi la vie en communauté et multiraciale est possible quand les politiques ne s’en mêlent pas 🙂
Bon, on passe au bar du camping pour déguster et partager la bière de Laurent avec des autochtones bien sympa. Une habituée des lieux, âgée et rigolote dans le style chti « Line Renaud » , nous sortira la bonne blague du jour en dégustant la Blonde de la Fabriq : Elle est bonne…mais elle ne fait pas le ménage. MDR
On passe à table entre l’enclos animalier et la volière à perruches/ara/perroquets et on est obligé, parfois, de hausser le ton pour se faire comprendre 🙂
Il y a aussi un paon mais moins loquace que son cousin du Quesnoy.
On regagne notre matelas gonflable (on sait que celui de Jack garde bien la pression avec tout le bruit qu’il fait) et on se glisse dans le duvet, chaud, accueillant et salvateur pour passer une nuit agréable.
103km-220m d+


J17-Jeudi 23 juin 2022
Herlies (59) > Dunkerque (59)
Réveil normal. Le soleil rayonne déjà et on étend les toiles de tente sur les portiques des jeux enfants (le jeudi on est tranquille, c’est école 🙂 ). Petit déj à côté des animaux, on profite de cet instant car c’est le dernier de ce genre puisque l’on est à l’hôtel ensuite à Dunkerque.
On plie notre barda et on reprend la route qui est loin d’être une ligne droite, condition sine qua non pour éviter les axes routiers trop denses et donc dangereux. On commence par la voie nommée (sur Cycle OSM) les Weppes puis 57-99, 57-59, 56-57, V364.
Instant de silence (voire de recueillement) au Cobbers Australain Memorial (Fromelles).
A Steenwerck, on boit le café au Bôrek, bar restaurant tenu par un couple de jeunes, dynamiques, branchés musique et animations. A des années lumières des villages perdus et désertés, traversés au fil de notre itinérance et qui fait que l’on se sent bien tout de suite en ce lieu, si on vient chercher ce type d’établissement, bien entendu. On reprend le cours de notre épopée (ni héroïque, ni sublime) en suivant la voie V364 aussi appelée Véloroute des Flandres jusqu’à Bailleul. De petites routes en petites routes tranquilles, bordées par des champs de houblon, on arrive à Godewaersvelde et on se cale au Pic Frite pour le resto de midi. Ensuite on remonte doucement au nord via Droogland, Herzeele, le Pont de Wylder, Bergues. On récupère la Voie V364 vers Quaëdypre et au-dessus de Bergues, nous avons droit dans le Bois des Forts, à un itinéraire sublime serpentant dans la forêt dense et fraîche en périphérie de Coudekerque-Branche et c’est enfin la destination finale qui déroule sous nos pneus via la Tour du Leughenaer , les quais, la digue de mer et la plage de Malo les Bains.
Dunkerque nous voilà !
Un peu plus tard, on investit l’hôtel réservé pour 2 jours, l’Escale en bord de mer.
Repas sur la digue et bonne nuit de sommeil dans un matelas digne de ce nom.
84km-210m d+


Vendredi 24 juin 2022
Visite de la ville et balade en transport gratuit à Bray-Dunes pour un déjeuner moules/frites/tripel karmeliet à la Voile Bleue. Excellente table.
Retour en ville et repas sur la digue.

Samedi 25 Juin 2022
Après quelques péripéties avec la SNCF, retour TER via Hazebrouck, Arras, Amiens, Paris gare du Nord.
On roule en direction de la gare de Bercy en se frayant un passage, sur le boulevard Beaumarchais, entre les manifestants et autres curieux de la Marche des Fiertés LGBT (Pride parisienne ~500 000 personnes)
Par contre, on est coincé sur Paris. Bébert vient à notre secours et on le rejoint à Ivry, chez Thierry et Christine accompagnés d’Isabelle. Nos hôtes nous offriront le gîte et le couvert. Trop sympa.

Dimanche 26 Juin 2022
TER à 7h33 gare de Bercy pour Lyon Part-Dieu puis TER pour Grenoble.
On aura rencontré 2 contrôleurs SNCF très humains et sympathiques qui nous ont écoutés. On a appris aussi qqs subtilités sur les trains régionaux et procédures à connaître.
Un salut bien amical de la part de nous 3 à Anaïs, belle personne en Triplaventure rencontrée au terme de la notre, d’aventure.


Live d’Anathema à Plovdiv en Bulgarie – 2012


Propulsé par le ded.
Crédits photos : le ded, gilles

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