*BUL = Bivouac Ultra Léger
Cet acronyme définit parfaitement les raids en autonomie (portage des effets personnels, de son hébergement et de sa  nourriture) que l’on nomme pour le vélo: le bikepacking et plus naturellement en français, le vélo nomade.

 

Genèse de l’histoire :

Un jour, en 2017, après avoir savouré le compte-rendu VTTour d’un  raid BUL de Tibougnat, j’avais décrété que le bikepacking « c’est quand même l’aboutissement du VTT : Raid, Solitude et Itinérance. »
Comme le confirmera Tibougnat par ailleurs, l’itinérance en bikepacking et en solitaire c’est immersif, c’est jouissif. C’est un grand voyage intérieur, un moment de grande liberté. 
Mais jusqu’à maintenant je n’étais pas prêt. Pas prêt dans ma tête, pas prêt psychiquement. Pas prêt pour le matériel non plus car, comme d’habitude, j’essaye de ne faire aucuns compromis qui ne soient évitables.
En 2020, je succombe enfin aux sirènes de la mode, du marketing. Le BUL m’envahit, me passionne. Comme à l’accoutumée, pour les parcours, je prendrais ce qui existe (sur VTTour) et adapterais en fonction. Tibougnat et François sont de très bons topoteurs, y’a plus qu’à se servir ;@)

 

Côté matériel et principalement question vélo :

Quel pied de partir d’une feuille blanche et de poser les bases conceptuelles de son nouveau vélo. Un rêve de plus, en somme !

une esquisse sur la page blanche

Quelques réflexions du marché actuel :

  • La mode est aux cadres acier en passant par des cadreurs (vraiment trop onéreux) ou le Titane (chers aussi)
  • Tige de selle droite avec sacoche de selle
  • Roues et pneus conventionnels
  • Fourche rigide (Carbone).

Et bien non!
Ces standards ne me plaisent pas!
Je passe sur un cadre Alu Semi-rigide spécifique Bikepacking avec fourche suspendue de 120mm, roues de 29″ montées en gros pneus et jantes larges (ce que l’on nomme le 29+), tige de selle télescopique et surtout aucune sacoche de selle qui amène quand même quelques problèmes, tels que:

  • Poids contenu
  • Balourd
  • Incompatibilité avec une tige de selle télescopique
  • Impossibilité de passer derrière la selle en descente

Quelques cadres acceptent une fourche télescopique de 120mm, ce qui correspond à mes attentes. Un bon compromis entre débattement, confort, poids et prix.
Et le Trek 1120, vendu en kit cadre, correspond tout à fait à mon cahier des charges. Il est même plein cadre dans mon projet contrairement à la photo ;@).

Joli cadre hors cadre !
Joli cadre hors cadre !

Magnifique petit cadre conçu autour d’une fourche rigide en carbone mais compatible avec une 120/130mm tout comme son frère de sang, le Stache Trek, plébiscité parBigBike comme étant un hardtail très ludique,vif en montée, confortable et performant dès que la pente s’inverse.
Si on ne décelait pas les soudures, on pourrait croire à un cadre carbone tellement les tubes sont travaillés !

Je passe donc commande du cadre en taille M chez Happy Bike à Voreppe.
http://www.happybike.fr/
Robert est quelqu’un de chaleureux et jamais avare de conseils et de renseignements. Son shop recèle des merveilles en tous genres. Principalement des vélos 🙂
Robert me contacte début Janvier pour m’annoncer la livraison du 1120. Allez go to Voreppe, alors.

Trek Stache, 29+

Au tout début, j’étais parti sur un montage de roues 29″ équipées de pneus en 2.35″/2.50″ mais rapidement je me suis décidé pour une monte en fat avec des pneus de 3.0 car j’ai de bons souvenirs, ancrés dans ma mémoire, de mes sorties en Dude, le bigfat Canyon avec des pneus de 4.80″ (11 cm de large …). Quelques lectures sur le sujet m’ont confortées dans ce choix de grosses roues pour le bikepaking.
Les grandes roues aux gros pneus offrent le confort, la tenue de route, l’adhérence, la routabilité et je ne cache pas que la rareté permet de rouler différent des autres. Un superbe compromis pour tous les terrains à parcourir. 
En accessoires additionnels, le 1120 peut recevoir 2 portes bagages grâce à des inserts de vis soudés sur les haubans et sur la fourche carbone en option.

le porte bagage arrière
1120 équipé des 2 porte bagages
les inserts de fixation

Pour être autonome, il faut être connecté. Pas spécialement aux réseaux sociaux mais à la sécurité et à la navigation.
J’entends par là que faire un bout de chemin, dans la solitude ou pas, ne doit pas empêcher d’être joignable à tout moment. Batteries de smartphone, GPS, éclairage et frontale sont alimentés/rechargés par un accu régulateur relié à un moyeu dynamo tel que Bruno me l’a conseillé.
Le calcul est vite fait: il faut une belle roue en montage artisanale dotée d’une jante alu de 45mm permettant la monte tubeless d’un pneu de 3.0″ au ballon si confortable et d’un moyeu Shutter Precision SP.
La puissance de 3W fournie sous 6V suffit amplement à recharger mes accessoires de navigation et autres éclairages. Encore faut-il rouler à plus de 11 km/h minimum pour tenter d’amorcer une quelconque recharge!

moyeu dynamo Shutter Precision

Comme je ne trouve rien qui correspond à mes besoins spécifiques, je prends la décision de monter les roues.

  • Jantes larges WTB de 40mm (WTB KOM Tough i40)
  • moyeu dynamo en boost devant
  • moyeu Shimano micro-spline  XT boost à l’arrière
  • rayons DT Swiss Revolution
  • écrous double square Sapim gold

Je passe commande sur un site allemand de VPC car rien de dispo chez nous. La jante WTB de 627gr est renforcée avec la technologie I-Beam (double paroi interne) et le moyeu dynamo pèse 480gr. Ça devrait sortir des roues à  1330gr pour l’avant et 1140gr pour l’arrière.

WTB KOM Tough i40
WTB KOM Tough i40

Un groupe complet Shimano XT 8100 en mono plateau est commandé et viendra compléter le cadre équipé de sa fourche Manitou Machete.
Réception des composants de roues: jantes, moyeux, rayons et écrous conformes à la commande. Je passe au montage primaire, assemblage et pré-dévoilage.
Je monte chez Lulu (Pascal) qui me fait un dévoilage tip-top de la roue avant. Arrivé à la maison, j’en profite pour ligaturer les rayons.
Ces ligatures n’amènent aucune rigidité mais permettent un travail 2 par 2 des rayons et évitent qu’un rayon se balade en cas de casse. Juste utile quand on part pour un (long) périple.
Comme la roue arrière à un moyeu déporté, Alpin’s Wheel va se charger du dévoilage. 5 jours plus tard, la roue arrière est prête. Retour à la maison et ligatures des rayons.

cerceaux, moyeux, rayons, écrous gold …
de quoi monter de belles roues
moyeu dynamo
moyeu Shimano XT, norme Micro Spline (12 vitesses)
manque juste la tension des rayons et un bon dévoilage
compatibilité pneu possible à partir de 2.30 pour la WTB KOM i40 mais plus sécurit avec des 2.60

Mise place de la potence, sciage du pivot et installation de l’étoile pour le réglage du jeu de direction sur la fourche Manitou.

 

mise en condition pour sciage du tube
tronçonnage du pivot
potence Renthal 40mm
de face

En attendant la livraison du groupe transmission/freinage Shimano, je me suis procuré du Kydex (PVC thermoformable en plaque de 300x100x2mm) pour protéger la base du cadre. Le décapeur thermique ramollit le plastique qui prend la forme des tubes travaillés en fluidforming. Une fois refroidit, l’enserrage au niveau du boitier de pédalier et les 2 vis du porte-bidon inférieur maintiennent solidement la protec maison. Poids 10 grammes et coût de 4,73€

la base de cadre a protéger
la plaque de Kydex
placement et fixation provisoire
thermo-formage abouti
voila le travail !
vue de dessus: c’est propre et efficace

13 mars 2020.
Le 1120 est pratiquement monté, tout est réglé, les câbles et durites raccourcies à la bonne longueur. Je n’aime pas le superflu !
Je reprends les roues, mets un tour de scotch par dessus le fond de jante, pose la valve, monte les pneus, verse 100ml de préventif et voilà de belles roues équipées de pneus WTB Ranger de 3.0″ tubeless ready, en pression à 1.8bar et prêtes à rouler.
Le dernier composant du vélo est enfin installé: la tige de selle Brand X Ascend à fière allure. Sa commande à câble ne perturbe pas l’encombrement du cintre et sait se faire discrète.

Le 1120 est fini et il ne manque plus que quelques accessoires pour le rendre définitivement éligible pour le BUL.

Mais au 17 mars 2020, le confinement, afin de réduire la distanciation sociale, pour lutter contre la propagation du Covid-19 commence.
Une lutte et une aventure humaine mondiale se déroule sous nos yeux et revêt nettement plus d’importance que nos rêves égoïstes actuels d’évasion.
Le personnel soignant est débordé, les moyens de protection manquent, la vague du virus venant de Chine avance inexorablement vers l’Europe, les Amériques. L’Italie et l’Espagne sont sévèrement touchées dans leur cœurs et dans leurs chaires.
Tout s’accélère et surtout le constat des erreurs.

Place aux photos, les mots, pour l’instant, sont superflus et  hors de propos.

 

4 réponses

  1. le ded dit :

    L’avenir devient « une » grande inconnue. Y aura t’il d’ailleurs un avenir pour celui qui rêve d’évasion et de paysages lointains ?. En tous cas, bien réel, le vélo 1120 dort au garage. Et peut-être faudra t’il raconter ce qui s’est passé dans un futur proche!

  2. Gilles un bras. dit :

    Tout ça se lit comme un roman d’aventures en train de s’écrire. On a envie de connaître les premiers retours…. mais il faudra attendre un peu ! Pas de pare-virus de prévu, style pare-buffle des 4X4 ? Bravo pour la qualité du travail.

  3. alain becourt dit :

    Joli projet , sympa le montage du vtt. Il te reste plus que la tente à mettre sur le vélo !!!

    • topos vtt dit :

      salut Alain, il faut combler le temps libre et avec cette belle saison de ski, j’ai vraiment l’impression de ne pas le perdre, mon temps. Qqs belles balades de prévues avec un rêve au loin, le Colorado Trail …

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